A la découverte des vins d’Alsace

En novembre dernier, je suis retournée en Alsace pour rencontrer des vignerons. Je vous avais déjà raconté mon premier séjour dans la région, en plusieurs épisodes car il y a tant à dire. Et je dois reconnaitre que la fin de l’année est assez magique pour profiter des décorations et illuminations qui sont vraiment très imposantes et donnent un autre visage aux paysages.

Cette fois, nous avons débuté notre visite par le vignoble de la Famille Joseph Cattin à Voegtlinshoffen. Avec plus de 60 hectares de vignes, c’est l’une des plus grandes maisons familiales alsaciennes exploitant son propre vignoble.

Ses parcelles se concentrent sur trois régions : la commune de Voegtlinshoffen, autour de Steinbach et près de Colmar.

Après un premier arrêt dans le superbe espace de dégustation “Le Belvédère” de la Maison Cattin (ci-dessus), nous avons visité les installations avec Anaïs Cattin, l’épouse de Jacques, qui a repris l’entreprise familiale en 2007. La cuverie inox utilisée pour l’élaboration des vins de base Crémant et le chais d’élevage de barriques de chêne français pour le Pinot Noir.

Puis, confortablement installés dans le Belvédère, avec une vue imprenable sur les vignobles, nous avons dégusté les productions maison, du Crémant d’Alsace aux Grands Crus.

Sachez d’ailleurs qu’il est possible de privatiser ce lieu et qu’une balade dans les vignes en segway est également réservable…

Maison Joseph Cattin
18, 19 rue Roger Frémeaux
68420 Voegtlinshoffen

Après cette première matinée de prise de contact, nous avons rendez-vous pour un déjeuner au restaurant l’Altevic à Hattstatt, en présence de producteurs.

J’y ai retrouvé Laure Adam, que j’avais rencontrée lors de ma première visite à Colmar et nous avons tout d’abord dégusté un Crémant d’Alsace Émotion Jean-Baptiste Adam. Ce domaine, situé à Ammerschwihr est en biodynamie depuis 2003 et est certifié Demeter depuis 2007.

Laure est la quinzième génération à perpétuer la tradition et le savoir-faire familial. Je suis absolument fan de crémant élégant aux très fines bulles…

En entrée, nous avons dégusté une cocotte de pommes mitraille, cèpes des Vosges et ail confit, noisette et grenade, coulis forestier.
C’est un plat de risotto de potiron et châtaignes, jambon de canard, boudin blanc de volaille à la truffe noire qui nous a ensuite été proposé, accompagné d’un Pinot gris Clos grand cru Rangen Saint Théobald 2016 du Domaine Schoffit.

Situé à l’Est de Colmar, ce vignoble de 17 hectares produit chaque année environ 80 000 bouteilles. Le Clos Saint Théobald est donc situé au coeur du Rangen, réputé pour être le plus “méridional” des vignobles d’Alsace. Puissant et complexe, avec une finale délicate, ce vin se mariera parfaitement avec une viande blanche ou du gibier.

Pas de dessert mais une déclinaison de fromages nous a été proposée pour accompagner un gewurztraminer Muehlforst de la cave vinicole de Hunawihr. Muehlforst est le “lieu-dit” le plus étendu du ban de Hunawihr, proche du Grand Cru Rosacker.

Ce gewurztraminer à la belle robe couleur paille tiendra la dragée haute à du foie gras ou des fromages forts.

Après le déjeuner, nos pas nous ont menés à Wettolsheim, pour une visite du Domaine Barmès-Buecher. C’est la chaleureuse Sophie qui nous a reçu.

Après le décès accidentel de leur père en 2011, son frère Maxime et elle ont fait le choix de reprendre l’exploitation au côté de leur mère, Geneviève. Les 15 hectares du Domaine sont convertis en biodynamie depuis 1998 et certifiés depuis 2001.

La famille attache une importance toute particulière au respect de la transmission et du patrimoine familial et prône une agriculture en accord avec la nature, le vivant et les cycles naturels.

Le Domaine Barmès-Buecher cultive 17 hectares de vignes répartis sur 7 terroirs dont 3 Grands Crus. Après la visite et l’incontournable dégustation, je n’ai pu résister à acheter deux bouteilles de la cuvée Sophie, un Riesling Vendanges Tardives Leimenthal de 2007 absolument divin que nous avons dégusté à Noël.

Il a été créé par François Buecher pour sa fille Sophie et il n’y aura pas d’autre cuvée…

Domaine Barmès-Buecher
30 rue Sainte Gertrude
68920 Wettolsheim

Nous avons pu savourer une pause et une courte balade dans le Colmar totalement illuminé de la fin de journée et profiter du marché de Noël, ses bretzels et son incontournable et délicieux vin chaud !

On est bien loin des faux marchés de Noël parisiens et de leurs produits parfois douteux. Voici quelques clichés :

Nous avions ensuite rendez-vous à la Taverne alsacienne à Ingersheim, table familiale incontournable de la Route des Vins d’Alsace, en présence de producteurs.

J’ai eu le plaisir de retrouver Jessica Ouellet, une sommelière québécoise que j’avais déjà rencontré lors de mon premier voyage et qui représentait ce soir-là le Domaine Wach, une entreprise familiale situé à Andlau.

Elle nous a proposé un grand cru Wiebelsberg 2015, en accompagnement de l’entrée composée de lotte et gambas au safran d’Alsace. Ce vin minéral, frais et fruité est particulièrement agréablement et s’accorde parfaitement avec les produits de la mer.

Pour accompagner le foie gras de canard, poire pochée au vin qui nous a été offert, nous avons dégusté un Riesling Schlossberg 2004 du Domaine Weinbach. Situé à Kaysersberg, il appartient à la Famille Faller.

Depuis 2016, Catherine Faller dirige le Domaine avec ses fils Eddy et Théo, qui nous faisait le plaisir d’être présent à ce diner. Cet exceptionnel riesling à la belle robe jaune était absolument merveilleux, avec des arômes de fleurs blanches et une finale très fraiche… J’aurais aimé le goûter avec le fois gras au chutney d’ananas initialement prévu.

Enfin, pour le dessert, c’est un Pfersigberg du Domaine Albert Hertz – situé à Eguisheim – qui a accompagné le gratin de fruits servi avec un sorbet aux fruits de la passion. Le très sympathique Frédéric Hertz était présent pour nous parler de ce vin et du domaine, qui est conduit en biodynamie depuis 2008.

Après une nuit passée à L’Hôtel Le Quatorze, au coeur de Colmar, nous avons pris la route pour une visite guidée du village viticole d’Eguisheim. Souvent récompensé pour sa beauté et sa préservation, Eguisheim a été élu Village Préféré des Français en 2013.

Nous avons arpenté les ruelles pavées de ce village surprenant en forme d’escargot enroulé. Le Pape Léon IX y est né et en est resté le symbole, comme vous pouvez le voir sur les photos ci-dessous.

Nous avions une jeune guide éminent sympathique et enjouée, qui connaissait tous les détails historiques. Les maisons à colombages colorées sont magnifiques et vous découvrirez pour quelle raison les étages de ces constructions (les encorbellements) sont plus larges que les fondations au sol…

Sur la photo tout en bas ci-dessous, vous pouvez apercevoir un colombier séparant deux ruelles. Pour la petite histoire, il a été largement représenté après-guerre pour faire la promotion de l’Alsace et présenté… comme une maison ! C’est vrai qu’il est très photogénique mais peu habitable…

Arrêtez-vous dans l’église Saint Pierre Saint Paul pour découvrir la statue de la Vierge à l’enfant, une sculpture polychrome datant du XIXème siècle dont la particularité est d’être ouvrante, en plus d’être très belle. Regardez également attentivement la façade de l’église.

Il se pourrait que vous trouviez à la statue de Léon IX un faux air de… Napoléon !

Après cette balade au coeur d’Eguisheim, nous avons visité la cave coopérative Wolfberger qui figure parmi les précurseurs ayant inspiré l’essor du vignoble alsacien depuis plus d’un siècle. Les vignerons se regroupés autour des caves d’Eguisheim et de Dambach-la-Ville après la crise du phylloxera.

Jusqu’en 1945, la coopérative s’est structurée et professionnalisée tout en résistant aux deux guerres mondiales et aux changements de nationalité successifs. 

Cette même année, la coopérative remporte une médaille d’or au Concours Général Agricole de Paris grâce à son  Pinot gris, alors appelé Tokay d’Alsace.

A partir de 1955, les vignerons adhérents acceptent d’apporter la totalité de leur vendange à la coopérative et en 1959, une nouvelle cave coopérative est construite à Orschwihr.

Aujourd’hui Wolfberger travaille main dans la main avec 420 vignerons qui œuvrent sur 1200 hectares de vignes dont 48 hectares en Grands Crus, leur permettant de produire une grande diversité de Vins, Crémants et Eaux-de-Vie d’Alsace.

La cave et boutique d’Eguisheim est un immense espace dédié à l’achat et à la dégustation.

Les foudres de la cave date de 1902 et l’espace oenotouristique est intéressant pour la découverte du vignoble d’Alsace, avec une table des senteurs très bien pensée. Il est possible de réserver une dégustation commentée (8 € par personne) qui comprend également une visite des lieux.

Wolfberger continue à proposer des produits innovants comme les Amers Fleur de bière réalisés à partir d’une bière de garde distillée et d’infusion d’écorces amères rehaussées de saveurs naturelles.

Wolfberger
6 rue Grande Rue 
68420 Eguisheim 

Notre dernier rendez-vous avait lieu également à Eguisheim, au domaine Antoine Stoffel, pour un déjeuner en compagnie de jeunes vignerons. Bruno Ferber, le frère de la célèbre confiturière locale, avait préparé un impressionnant jambon cuit en croûte avec une cuisson longue au four. Une pure merveille que nous avons accompagné des vins des vignerons présents :

• Lydie Sohler du Domaine Philippe Sohler que j’avais rencontré lors de mon dernier séjour et qui nous a proposé de démarrer avec un Crémant d’Alsace Millésime 2008 tout en délicatesse.
• Mathieu Deiss du Domaine Marcel Deiss
• Vincent Gross du Domaine Gross un vin nature millésime 2018 détonnant…
• Laurence Heitzmann du Domaine Léon Heitzmann avec un Gewurztraminer vendange tardives.
• Frédéric Hertz du Domaine Albert Hertz, rencontré la veille, un pinot noir Eguisheim de belle facture.
• Henri Kaes du Domaine Henri Kaes avec un Riesling 2017, lieu-dit Hahnenberg.
• Victor Roth du Domaine Robert Roth, un Mont Saint Georges 2017.
• Adrien Schoenheitz du Domaine Schoenheitz que j’avais également déjà rencontré et dont j’avais eu l’occasion de retester plusieurs flacons à Paris nous a proposé un pinot noir 2017.
• Thibault Specht du Domaine Specht nous a également proposé un pinot noir de son cru, élevé 1 an et demi en barrique.
• Mathieu Kuehn du Domaine Antoine Stoffel, un Pinot gris Eichberg.

Pour pousser – avant de reprendre le train pour Paris (ça existait encore à cette époque 😉) – nous avons trinqué avec une eau de vie Antoine Stoffel, un kirsch qui a achevé de nous faire tomber en amour avec cette belle région et ses vignobles merveilleux…