Les Trophées Écotrophélia 2016 : j’y étais !

Le blog m’apporte de nombreuses occasions de rencontres, de découvertes et de plaisir mais je dois dire que récemment j’ai été extrêmement enthousiasmée (le mot est faible) par une nouvelle expérience : j’ai été jurée dans le cadre des trophées étudiants Écotrophélia, dans la catégorie Fruits et Légumes. Cet évènement se déroule chaque année à Avignon.

Pour l’édition 2016, 81 dossiers avaient été envoyés, 23 retenus. Dans la catégorie que je devais juger, 6 dossiers mettant vraiment à l’honneur les fruits et légumes avaient été retenus.

C’est avec beaucoup de sérieux que j’ai accepté cette mission et cela m’a vraiment excitée d’assister à toutes les présentations. L’enthousiasme, la créativité, le professionnalisme et le sérieux des équipes m’ont vraiment bluffée.

Le timing était très simple : 15 minutes de présentation, 10 minutes de questions puis 5 minutes de délibération.

Parmi les dossiers retenus, il y avait :

• les Frai’zeo, des tranches de fraises croustillantes constituées à 100% de fruits et vendues en petits paquets souples pour le snacking. Un projet des élèves de l’Institut Polytechnique La Salle Beauvais – ESITPA.
• le Kivi, une gamme de quatre boissons pétillantes à base de fruits locaux, déclinées par saison. Un projet des élèves de Montpellier SUPAGRO.
• Senzza, une gamme de pizza déclinées en 3 saveurs, dont la pâte est composée à 58% de légumes frais et de farine de pois chiches. Un projet des élèves des des écoles ONIRIS Nantes et L’Ecole de Design Nantes Atlantique.
• Poés’ile, une gamme de desserts frais issus du commerce équitable, à base de fruits (mangue, kiwi) et de farine de manioc. Un projet des élèves de l’École de Biologie industrielle – Cergy.
• Sweet’ables, des confiseries 100% végétales à base de légumes frais, gélifiées à la pectine et sucrés à la stevia. Un projet des élèves de l’ESIX Normandie.
• Shake ta graine, une soupe et un snack à déguster séparément ou à mélanger grâce à un packaging imaginé par les étudiants. Un projet des élèves de POLYTECH’ Université de Montpellier

Certaines présentations étaient professionnelles, quasiment impeccables et les étudiants faisaient preuve de beaucoup de maitrise, connaissant leur sujet sur le bout des doigts.

Chaque projet devait être potentiellement viable. Les équipes devaient donc présenter un business plan, avoir défini un prix de vente, une cible de clientèle, rencontré des professionnels du secteur, réfléchi à l’approvisionnement, au type de magasins où le distribuer et bien entendu, proposer leur produit à la dégustation.

Le packaging de certains produits étaient d’ailleurs si aboutis qu’on aurait pu penser qu’ils étaient déjà manufacturés et qu’ils sortaient d’un magasin.

J’ai trouvé que parfois l’argumentation manquait de maturité (ou de maturation) et surfait sur les préoccupations du moment (locavore, de saison, recommandations du PNNS, etc.) sans vraie relation avec le produit.

Je ne trouvais pas logique, par exemple, de vendre un produit déshydraté uniquement en saison, c’est à dire au moment même où le produit est vendu frais…

La boisson pétillante alcoolisée à base de fruits était présentée comme une vraie innovation mais c’était sans compter sur la sagacité d’un membre du jury amusé qui a fait remarquer aux étudiants que le vin était également une boisson alcoolisée à base de fruits…

Au moment des questions, j’ai été un peu surprise par certains choix ou parti-pris. Ainsi, ne pas proposer de confiserie à des enfants en s’appuyant sur les recommandations du PNNS est louable. Mais en prenant le problème à l’envers, ne vaut-il mieux pas qu’un enfant mange des bonbons à base de légumes, que j’ai trouvé très bons, plutôt que des bonbons gélifiés, aux colorants et goûts artificiels ?

Un positionnement qui manquait peut-être un peu de réflexion ou d’assurance (les élèves ne me semblaient pas très à l’aise en exprimant les calories de leur produit, surtout par rapport aux calories des légumes les composant).

Le nom du produit Shake ta graine a bien fait rire mon québécois de mari, ce nom pouvant prêter à confusion au Québec. Pour ce produit, le packaging n’était pas encore abouti car il doit être spécialement développé pour le produit, entrainant un coût important.

Nous avons noté chaque équipe sur sa présentation générale, l’intérêt du produit, l’étude marketing et la cohérence commerciale, la faisabilité industrielle, les qualités gustatives du produit et l’innovation.

Globalement, les notes étaient excellentes et deux équipes se sont détachées des autres. 
Nous avons donc donné le 1er prix, Innovation Fruits et Légumes à Senzza, la pizza dont la pâte est à base de légumes et donc sans gluten, avec une déclinaison garnie uniquement de légumes. Ce plat sans allergène majeur convient donc à tous les régimes alimentaires.

Le second prix, Service Interfel, est allé à Poés’ile, dont les desserts se dégustent chaud ou froid et qui a déjà approché Max Haavelar et obtenu la certification commerce équitable.

D’autres prix ont été décernés : ainsi, le Prix Bernard Loiseau a été décerné par le public à Tecofruit, une boisson fermentée sans alcool, unique grâce à son parfum exotique et ses perles de Chia (500 €). Projet présenté par les élèves de l’ISARA Lyon.

Le prix Ecotrophélia France d’Or a été attribué à CarréLéon, une aide culinaire naturelle, simple et transparente, à utiliser pour sublimer les plats du quotidien (6 000 €) – Projet présenté par les élèves de l’ENSAIA – Université de Lorraine.

Ils représenteront la France au concours Ecotrophélia Europe qui se déroulera les 16 et 17 octobre au SIAL Paris Nord Villepinte.

Le prix Ecotrophélia France d’Argent (4 000 €) a été décerné à Minigloo,  une gamme de desserts glacés lactés bio aux saveurs inédites pour les Mini’bouts. Un projet présenté par les élèves d’AgroParisTech.

Le prix Ecotrophélia France de Bronze (2 000 €) a été remis au projet So Sea’s présenté par l’ESIX Normandie, Département Agroalimentaire Snacking.

Ces algues roulées en saucisse au cœur d’un hot dog haut en couleur et en goût seront distribuées par un triporteur. Ce projet a été primé deux fois, il a également reçu le Prix spécial Communication et Marketing soutenu par SOPEXA (1000 €).

L’avenir nous dira si certains projets sont devenus une réalité, comme par exemple, le projet Croc’it, gagnant Du Trophée Écotrophélia Argent 2014, qui avait reçu le prix Innovation Fruits et Légumes. Il a été développé en partenariat avec la société Les Crudettes.

Je ne doute pas que certains projets de cette année trouveront leur voie et j’ai bien hâte de voir les innovations de l’année prochaine…