Connaissez-vous la poire Rocha Do Oeste ?

Après mon escapade à Hyères, j’ai pris la direction du Portugal dans un avion à destination de Lisbonne, pour me rendre dans la région de Òbidos où est cultivée la poire Rocha Do Oeste.

Un “casting” international de blogueurs, journalistes et Chefs portugais, français, allemands, brésiliens, espagnols, etc. Joli brassage culturel et d’influences diverses !

Nous nous sommes retrouvés à l’Hôtel Rio Do Prado, un écolodge parfait pour une immersion dans la nature. Les chambres sont des petits pavillons décorés de façon très chaleureuse, disséminés au fil du terrain.

Très spacieuse, ma chambre était agréablement décorée et dotée d’une baignoire en béton ciré (dont j’ai bien profité !) et d’une cheminée en plein centre de la pièce.

En revanche, je n’ai jamais réussi à prendre une douche chaude et je n’ai pas été la seule…

Il y avait également devant chaque pavillon un espace où s’asseoir pour relaxer et de quoi se faire un feu de camp… Une idée fort séduisante, que je n’ai pas eu le temps d’exploiter.

En fin de journée, nous avons fait connaissance les uns avec les autres autour d’un verre et d’un feu de camp pour encore mieux briser la glace, avant le premier diner.

Le restaurant Maria Batata se situe également sur le terrain de l’hôtel. La décoration est constituée d’éléments un peu brut de décoffrage, qui lui donnent beaucoup de charme.

Les baies vitrées ouvrent le restaurant sur l’extérieur, renforçant le sentiment d’être en pleine nature.

Nous avons tout d’abord dégusté une poire pochée servie avec du chèvre, du miel et des noix de Grenoble, une association qui, sans surprise, fonctionnait divinement bien.

Nous avons ensuite dégusté un risotto aux couteaux de mer préparé dehors, sur le feu. Malheureusement, ceux-ci n’avaient pas suffisamment dégorgés et il restait un peu de sable dans la préparation… Une erreur de débutant probablement 😉

Le repas s’est achevé sur une note sucrée, avec une excellente poire Rocha qui avait été confite dans de la liqueur de cerise locale un peu acide.

Le lendemain, nous avons été reçu dans la Quinta da Boavista, une des trois fermes appartenant à la Société Agricole de Cadaval, fondée en 1940 par Zacarias Vivas.

On y retrouve les plus anciens vergers de poires Rocha. Certains, plantés en 1956, produisent encore des fruits. Située tout près du village d’Alguber, la Quinta da Boavista cultive uniquement des poires.

Nous avons reçu quelques instructions concernant les bonnes pratiques pour ramasser les poires. Tout d’abord se protéger du soleil qui peut vous frapper fort à la tête et, bien sûr, revêtir un équipement approprié, notamment des chaussures pour ne pas glisser des échelles.

Il faut impérativement se laver les mains avant de commencer le ramassage (et prévenir en cas de maladie, surtout infectieuse). Il est également interdit de fumer, de manger et de mâcher du chewing-gum…

Concernant le ramassage des poires : il faut les cueillir avec la main entière, sans pression, en prenant soin de bien conserver la queue attachée. En effet, les fruits sont stockés les uns contre les autres dans des caisses.

Si la queue d’un fruit est cassée, elle peut potentiellement percer la peau d’un autre fruit. Et attendu qu’ils sont stockés pendant une période plus ou moins longue, le fruit va se dégrader et pourrir dans la caisse, abimant également les fruits en contact.

On ne ramasse pas non plus les fruits tombés à terre et on ne garde pas ceux qui sont tachés ou abîmés.
Bien évidemment, il faut manipuler les fruits avec délicatesse.

C’est en 1836, à Ribeira de Sintra, dans la région Oeste (ouest), du Portugal, près de Lisbonne que Pedro Antonio Rocha a découvert cette nouvelle variété de poirier.

Les poires de celui-ci étaient petites, avec une texture granuleuse, une chair dure et ferme, bien croquante et sucrée. Il a commencé à distribuer ses poires à des amis et celles-ci ont gagné en notoriété au fil des ans.

Il leur a néanmoins fallu quasiment un siècle pour obtenir une reconnaissance plus officielle et une dénomination rendant hommage à celui qui l’avait découverte : la poire Rocha.

Elle bénéficie depuis 2003 d’une AOP, déterminant sa qualité, la manière dont elle est produite, sur quel territoire et selon un cahier des charges rigoureux.

C’est désormais l’un des fruits préférés des portugais, qui en consomment 6,2 kg par an. 60% de la production part à l’étranger.

Les poires Rocha sont cueillies en août, et certaines années, cela se prolonge jusqu’au début du mois de septembre. La cueillette s’effectue uniquement à la main.

Les fruits sont ensuite testés : on mesure la fermeté des poires à l’aide d’un pénétromètre qui permet de vérifier la consistance et la maturité de ceux-ci (et par là même, la meilleure période de récolte). En effet, elle doit être suffisamment ferme au moment de la cueillette pour parvenir en bon état au consommateur.

On utilise également un réfractomètre pour mesurer le taux de sucre dans le fruit (brix), un indice supplémentaire de sa maturité.

Nous avons déjeuné au sein du domaine. Au programme, une variété de spécialités locales en bochées (bacalhau, brochettes de fruits, poire Rocha et jambon, fromages, etc.), une délicieuse soupe de poisson, une volaille fourrée aux poires accompagnée d’une purée poire et patate douce, et enfin pour le dessert une poire au vin et du crumble aux poires.  Un vrai thème ! 😉

Nous avons ensuite pris la direction de Grantfer, une société créée en 1986 qui produit, stocke, emballe et vend des fruits frais (poires Rocha, pêches, prunes, pommes, nectarines et abricots).

Les poires sont immergées dans l’eau pour être triées par taille. Elles sont ensuite stockées dans des caisses en plastique et seront emballées ultérieurement. La qualité des poires Rocha leur permet d’être stockées sans souci des mois durant dans des hangars réfrigérés.

Nous avons passé une très agréable soirée au restaurant The History Man à Òbidos, qui s’est terminé avec un groupe de fado,  qui nous a proposé d’écouter des chants populaires portugais.

Enfin, quand je dis terminé, la nuit a été longue et les verres de liqueur locale de ginja (une cerise acide) nombreux. Mais ce qui se passe à Òbidos reste à Òbidos 😂 !

Le dernier jour, nous sommes retournés à Lisbonne direction le Time Out Market situé dans le Mercado Da Ribeira. C’est un lieu très vivant qui regorge de petits comptoirs dans lesquels on peut choisir de la nourriture, à déguster sur les tables situées dans la partie centrale.

Le Chef Rodrigo Meneses nous attendait pour préparer quelques recettes avec de la poire Rocha. Pour nous encourager, il nous a très généreusement servi tout au long de la masterclass, un joli Monte Baixo, vinho verde 2017 !

Vous retrouverez le résultat de nos efforts dans la photo ci-dessous :

• en entrée : des lamelles de poires Rocha servies avec des morceaux de fenouil cuits à sec dans une poêle, et du chèvre frais salé, des amandes, du vinaigre balsamique et de l’huile d’olive.
• en plat principal : un ceviche de thon rouge cuit dans le jus de citron vert, servi avec des lamelles de patates douces cuites, de fines tranches d’oignon rouge, une purée de poires Rocha fraiches et un peu de pesto d’herbes fraiches.
• en dessert : des poires Rocha pochées dans du vin jaune, avec du safran, de la cardamome et des amandes effilées (préparées par le Chef).

Nous avons profité de notre dernier après-midi pour une brève balade dans Lisbonne. Un chouette moment pour clore ce voyage de découverte fort agréable !

Hotel Rio do Prado & Restaurant Maria Batata
Rua das Poças, Arelho
(Lagoa de Óbidos) 2510-191 Óbidos
Tel. +351 262 959 623

Restaurant The History Man
Praça de Santa Maria, Óbidos
Tel.: +351 262 950 564

Académie Time Out Mercado da Ribeira
Av. 24 de Julho n.49
1200 – 479 Lisboa
Tel.: +351 21 395 1274