Au mois d’avril, j’ai pris un avion direction l’Espagne, plus précisément à destination de Séville pour aller visiter la production de fraises espagnoles. Avant même mon départ, ce voyage était sujet à controverse, la fraise Espagnole étant précédée de sa mauvaise réputation.
Production dans des conditions environnementales et humaines désastreuses, produits sans goût, etc. Comme je suis comme Saint Thomas – qui ne croit que ce qu’il voit – j’ai décidé de répondre favorablement et d’aller visiter les champs de fraises. Quelle meilleure attitude face aux attaques essuyées ?
A propos
Bienvenue sur Turbigo-Gourmandises ! Je m’appelle Sophie Seïté et j’ai créé ce blog de cuisine en 2011 pour partager mes recettes avec mes amis, ma famille et plus si affinités ! Au fil du temps, il est devenu le cœur de mon activité et s’est enrichi de plus de 2000 propositions gourmandes, dont les ingrédients privilégient la saisonnalité et la provenance locale. Je prends beaucoup de plaisir à mitonner des petits plats et autres desserts puis à les publier dans cet espace depuis ma Bretagne natale. Bonne découverte…
C’est dans la région d’Huelva, située à 80 km de Séville, tout près du Parc national et naturel de la Doñana que nous avons atteri. Celui-ci est immense, environ 50 000 ha de superficie. Cette région cumule le plus grand nombre d’heures d’ensoleillement en Europe. C’est pourquoi la saison des fraises y est la plus longue (de janvier à octobre environ).
Nous avons visité l’exploitation de fraises biologiques Flor de Doñana, qui existe depuis 2000. A la tête de l’entreprise, Juan Maria Rodriguez Borrero qui nous accompagné durant ces deux jours. Nous avons tout d’abord découvert l’usine où les fruits (fraises, framboises de deux variétés différentes et myrtilles) sont mis en caissettes. Le degré Brix est mesuré chaque jour pour connaître la teneur en sucre des fruits. Plus celui-ci est élevé, plus les fruits sont sucrés.
L’exploitation met un point d’honneur à la qualité de ses produits et de l’environnement dans lequel ils poussent. Car cette région a souvent été pointée du doigt pour son impact environnemental. Elle se préoccupe également de la qualité de vie des employés car cela demeure un métier physique.
Les produits que nous avons goûté étaient excellents. Ils sont cueillis le matin, mis en barquettes l’après-midi et expédiés dans la foulée.
Les horaires de travail sont aménagés au mieux pour chacun. Juan Rodriguez Borrero a fait le choix de la production biologique il y a de nombreuses années. Il faut savoir qu’aujourd’hui la grande distribution pousse les producteurs vers davantage de qualité, faute de leur acheter leurs produits.
Contrairement à la légende urbaine qui voudrait que la production entière de l’Espagne soit hydroponique, les fraises poussent bien dans de la terre et du sable. L’exploitation FDD est très moderne, les ramasseurs de fraises portent un petit clip qui va leur permettre de badger à chaque fois qu’ils ont cueillis un certain nombre de cageots de fraises.
L’idée n’est pas, nous assuré JMRR, de “fliquer” les employés mais de pouvoir ajuster le geste du ramassage afin que les fraises soient bien cueillies à maturité et donc rectifier le tir en cas de cueillette inadéquate répétée.
Les plantations sont traitées avec des produits biologiques. La culture hors sol permet déjà d’éviter les maladies telluriques. Et pour contrer la nuisance des araignées rouges et des acariens, ils utilisent du phytoseiulus persimilis, et de l’aphidius colemani contre les pucerons. Bien évidemment, aucun pesticide n’est toléré.
La production de fraises en Espagne génère de l’emploi pour des milliers de personnes. Une campagne a été lancée – avec une mise en œuvre sur 3 ans – et des ambassadeurs européens : Chloé Saada pour la France, Léa Linster pour l’Allemagne et deux espagnols, le chanteur Manuel Carasco et la blogueuse Alma Obregon. Le but est de changer l’image désastreuse de ce fruit que l’on adore mais dont la provenance peut nous rebuter.
Évidemment, on pourra toujours préférer utiliser des fraises françaises – et sans être chauvine, les excellentes fraises de Plougastel, notamment pour des raisons de saisonnalité, de coût C02 et de goût. Car si certaines fraises espagnoles sont délicieuses et produites dans d’excellentes conditions, ce n’est pas encore le cas de la majorité. Néanmoins, je trouve vraiment formidable de constater que des efforts sont consentis pour :
- améliorer la production, pour rationaliser et réduire significativement la consommation d’eau par hectare;
- créer de nouveaux labels dans l’étiquetage des produits permettent aux consommateurs de connaître toutes les informations concernant le produit consommé, incluant la provenance, à savoir où, qui, comment et quand cela a été produit.
- développer de nouvelles technologies dans les zones de manutention, d’emballage, de contrôle qualité et traçabilité, de logistique et de commercialisation pour conserver la fraîcheur et les propriétés nutritionnelles du produit intactes jusqu’à sa consommation;
Il faut également noter que la chaîne de production des fraises est actuellement développée grâce à des protocoles modernes, qui sont contrôlés par des sociétés indépendantes de certification d’accréditation.
Je pense qu’il faudra du temps pour effacer l’ardoise des mauvaises pratiques mais que la production de fraises d’Europe sortira grandie de tous ces efforts. Dans ce voyage, nous avons vu ce que j’imagine être le “bon côté” de cette industrie mais il y a régulièrement des enquêtes montrant les dérives et l’exploitation du personnel.
De mon côté, je préfère toujours acheter les fraises locales (j’ai de la chance pour cette partie d’être en Bretagne) et totalement de saison. J’attends le moment où les fraises sont à leur meilleur, après en avoir trop mangé d’insipides…