En septembre dernier, j’ai eu le grand plaisir de me rendre à l’École Boulle à Paris. Comme on retourne à ses anciennes amours, de celles qui nous ont laissées un souvenir impérissable, presque comme un chagrin d’amour tant ce temps lointain nous semble révolu…
Pas un homme, un flirt ou un petit béguin mais bien l’amour de l’Art, que j’ai – après un parcours totalement atypique – plutôt laissé tomber. Rien de bien grave jusqu’ici, l’Art avec un grand A s’est totalement passé de moi et s’en porte clairement très bien !
A propos
Bienvenue sur Turbigo-Gourmandises ! Je m’appelle Sophie Seïté et j’ai créé ce blog de cuisine en 2011 pour partager mes recettes avec mes amis, ma famille et plus si affinités ! Au fil du temps, il est devenu le cœur de mon activité et s’est enrichi de plus de 2000 propositions gourmandes, dont les ingrédients privilégient la saisonnalité et la provenance locale. Je prends beaucoup de plaisir à mitonner des petits plats et autres desserts puis à les publier dans cet espace depuis ma Bretagne natale. Bonne découverte…
L’École Boulle, si vous ne la connaissez pas, est une école supérieure d’Arts appliqués et une lycée de métiers d’Arts, d’arhcitecture intérieure et de design. Elle doit son nom à l’ébéniste André-Charles Boulle.
Je suis entrée dans la salle de cours avec une grande joie mêlée d’émotions : encombrée et vivante, elle portait la trace des recherches qui y sont menées… La pièce emplie de bustes de plâtre, moulages, outils à bois, se trouvait soudainement envahie par diverses créations en… chocolat !
La raison en est fort simple : l’École Boulle et l’École Valrhona ont décidé d’unir leurs forces créatives. Et ce qui n’était pas forcément évident au premier abord, a débouché sur une collaboration exceptionnelle.
Travailler la matière est forcément un marqueur commun pour les artistes des deux bords mais imaginer la confrontation de leurs expériences s’est révélé bien au dela de leurs espérances.
Les élèves de l’École Boulle se sont tout d’abord rendus à Tain l’Hermitage, à l’École Valrhona. Créée par Frédéric Bau en 1989 et située près du siège de Valrhona et près de la Cité du chocolat, elle regroupe la crème des pâtissiers et chocolatiers et propose des formations à destination des particuliers comme des professionnels.
On peut même y suivre des cours avec des “pointures” du métier comme Pierre Hermé, Alain Chartier, Yann Brys, Claire Heitzler, etc. Je vous avais d’ailleurs raconté l’année passée ma journée de masterclass en compagnie de Christophe Michalak et Christophe Renou.
Les élèves des deux écoles ont donc pu confronter leur savoir-faire et ont laissé parler leur imagination. De cette rencontre sont nées plusieurs créations qui nous ont été présentées en septembre à l’École Boulle.
Somptueuses sculptures en chocolat (buste, tête de rhinocéros), sculpture en résine portant en son sein (plus exactement sur sa tête, un précieux carré de chocolat doré), cuillères fines en chocolat avec manche en métal (ci-dessus), la liste était longue des objets d’art délicat sortis de leurs mains.
Cette collaboration a été si fructueuse que l’École Valrhona a décidé de permettre à quelques clients de bénéficier de l’émulation créative de cette union. Justine Tincelin et Sandra Belot, désormais anciennes étudiantes diplômées ont été “recrutées” pour ce stage dédié à la création.
L’idée était moins de se perfectionner dans l’art du chocolat que d’apprendre à trouver les ressources en soi pour créer. Frank Wenz, formateur à l’Ecole Valrhona de Versailles m’a soufflé qu’il valait mieux apprendre à quelqu’un l’art de la pêche plutôt que de lui donner du poisson…
C’est dans cet état d’esprit que 5 stagiaires – aguerris dans leur propre métier – sont arrivés à l’école ce lundi matin. Pas de chocolat ni de travaux pratiques pour cette première matinée : bloc-note, crayon papier et gomme pour seules armes. Et un peu de matière grise requise également !
Le premier choc passé – il faut quand même se remettre en question et réfléchir à qui l’on est, à ce que l’on aime et à ce que l’on aimerait faire, les stagiaires ont commencé à développer leur projet personnel. Quand je suis arrivée le mardi matin, ils avaient déjà tous une idée qui commençait à prendre forme.
Sous la houlette de Justine et Sandra pour la partie purement créative et sous celle de Frank et Rémi Montagne pour la réalisation possible ou non en chocolat. J’ai été frappée de constater que les outils présents dans le laboratoire tenaient davantage du bricolage que de la cuisine : décapeur thermique pour remettre le chocolat à température, argile ou plastiroc pour mettre en forme les réalisations, brossettes, outils de modelage, etc.
Secrets de fabrication oblige, je n’ai pas été conviée à les accompagner au siège l’après-midi même, où ils se rendaient pour fabriquer les moules de leurs futurs produits (une autre activité de Valrhona, bien gardée). J’en ai profité pour refaire un tour à la cité du chocolat, ce qui me procure toujours beaucoup de plaisir. Si vous ne l’avez pas encore visitée, je vous le recommande vivement !
Le lendemain matin, je les ai retrouvé avec les moules de leur projet. Il fallait à présent passer à la réalisation de ces produits en devenir, qui devaient être présentés l’après-midi même. L’ambiance est soudain devenue un peu plus légère et très chocolatée !
Le chocolatier Xavier Brignon, dont la boutique se situe à Besançon avait décidé de sculpter une statuette représentant une femme, un art qu’il ne maitrisait pas du tout en arrivant.
Les conseils avisés de Justine et Sandra lui ont permis de comprendre entre autres les notions de proportion. Il a patiemment poli son chocolat jusqu’à arriver au résultat escompté : une réussite !
Florian Eude, champion d’Europe de sucre d’art et actuel pâtissier de l’hôtel Molitor avait opté pour la réalisation d’une bûche très originale, que je ne suis pas en mesure de vous montrer. En effet, plusieurs stagiaires vont utiliser le fruit de leur réflexion et de ce travail dans le futur et ne souhaitaient donc pas en dévoiler la teneur.
Le bilan de ces 3 jours de collaboration École Valrhona X École Boulle a été – me semble-t-il positif – puisque les stagiaires sont tous repartis avec une ébauche de projet ou même une réalisation qui leur convenait. Mais surtout désormais, de solides bases pour asseoir leur futures créations…